Qu’est-ce qu’une rupture du biceps au coude ?

Une rupture du biceps au coude correspond à une avulsion du tendon de son ancrage osseux au niveau de la partie haute du radius, au niveau de la tubérosité bicipitale.

Cette rupture fait souvent suite à un effort important. Il peut s’agir d’un effort de soulèvement ou d’un traumatisme sportif (plaquage au rugby, musculation, flexion forcée du coude chez le grimpeur…). Parfois, la rupture survient sur un tendon dégénératif en raison d’une tendinite chronique.

Comment fait t-on le diagnostic d’une rupture du biceps au coude ?

Le diagnostic est évoqué devant l’apparition d’une douleur vive à la face antérieure du coude dans un contexte d’hyper-sollicitation du coude. Parfois, il est possible d’entendre le tendon lâcher au moment de la rupture.

La rétraction du muscle vers le haut est responsable d’une déformation caractéristique. Le tendon n’est plus palpé sous la peau lors de la flexion du coude contre résistance.

Un hématome est parfois visualisé en regard du pli du coude.

Bien que le diagnostic soit clinique, il est possible de demander une échographie afin de confirmer le diagnostic. Concernant les formes chroniques, la réalisation d’un bilan par IRM peut être intéressant pour préciser les caractéristiques du tendon avulsé.

Coupe IRM montrant une rupture du biceps au coude. La rupture mesure 27,1 mm (en blanc). Elle se termine en haut à gauche par le moignon du tendon qui est détaché.

Quels sont les traitements d’une rupture du biceps au coude ?

Le biceps participe aux mouvements de flexion du coude ainsi qu’aux mouvements de supination. En l’absence de réparation, il existera une perte de force pour réaliser ces mouvements.

En cas de rupture récente chez un patient actif ou manuel, on recommande le plus souvent de réinsérer le tendon. Chez les patients présentant une faible demande fonctionnelle, la réparation n’est en revanche pas obligatoire. La décision se discute en fonction des besoins du patient. En l'absence de réparation, il existe à terme une diminution de la force en particulier lors de la supination (mouvement consistant à positionner la paume de la main vers le haut) : cette diminution de force peut par exemple être gênante pour des gestes de vissage lors du bricolage.

En cas de rupture ancienne, il n’est pas toujours possible de remettre en place le tendon qui s’est rétracté. Les nombreuses adhérences présentes avec les tissus environnants exposent également cette chirurgie à des risques opératoires plus importants. La réparation ne devra se discuter qu’en cas de gêne fonctionnelle majeure.

En quoi consiste la chirurgie ?

La chirurgie consiste à venir ré-attacher le tendon au niveau de son ancrage osseux avec des ancres. Ces ancres sont positionnées au niveau de la tubérosité bicipitale. Les fils des ancres utilisées servent à réaliser un laçage du tendon que l’on peut ainsi ramener vers la tubérosité bicipitale.

Quelles ont les suites d’une intervention réalisée pour réinsertion du biceps au coude ?

Après la réalisation de l’intervention, une immobilisation brachio-anté-brachio-palmaire en flexion du coude et en légère supination  est mise en place pour 6 semaines afin de protéger la réinsertion. A 3 semaines post-opératoires, La rééducation est entamée afin de récupérer progressivement les amplitudes articulaires.

Les activités manuelles douces peuvent être reprises à 6 semaines post-opératoires.

L’ensemble des gestes de la vie quotidienne sont autorisés à 3 mois post-opératoires.

Les activités sportives intensives ainsi que les activités de forces (ex : déménagement) ne pourront être reprise qu’à 6 mois post-opératoires.

Quelles peuvent être les complications chirurgicales d’une rupture du biceps au coude ?

L’échec de la réinsertion lié à l’absence de cicatrisation du tendon est le plus souvent lié au non respect des consignes post-opératoires. Le tabagisme actif altère également probablement les phénomènes de cicatrisation. Il est recommandé de ne pas fumer dans les suites de l’intervention.

La raideur post-opératoire est fréquente, en particulier pour les mouvements de prono-supination. Elle peut être majorée par l’apparition d’ossifications en regard de la tubérosité bicipitale qui gênent alors la rotation du radius autour de l’ulna. La réalisation des soins de rééducation est fondamentale après l’intervention.

Les complications les plus redoutées sont neurologiques. Le nerf le plus fréquent atteint est la branche sensitive du nerf musculo-cutané. Cette branche nerveuse est le plus souvent altérée au moment du traumatisme par la traction du muscle vers le haut. Elle se manifeste par des sensations électriques et une gêne douloureuse à la face antérieure et externe de l’avant-bras. Les autres complications neurologiques potentielles concernent le nerf radial (permettant l’extension du poignet et des doigts) ainsi que le nerf médian (donnant la sensibilité de la partie externe de la main et permettant de contrôler de nombreux muscles du poignet et de la main).

La survenue d’un hématome post-opératoire est parfois observée après la chirurgie.

Les complications liées à l’anesthésie, les problèmes d’infection ainsi que les complication vasculaires restent relativement rares.

 

A retenir :

  • La rupture du biceps au coude est souvent rencontrée lors d’un effort important de soulèvement ou d’un traumatisme sportif.
  • La réparation du tendon est le plus souvent recommandée en cas de rupture récente.
  • En cas de rupture chronique, l’indication opératoire se fera au cas par cas aux vues de la demande fonctionnelle du patient.
  • Une immobilisation de 6 semaines est à prévoir après la réparation.
  • La rééducation est essentielle afin de récupérer les amplitudes articulaires en flexion-extension et en prono-supination.