Qu’est-ce qu’une prothèse totale de hanche ?

Une prothèse de hanche est un implant qui remplace l’articulation de la hanche en raison le plus souvent d’une usure du cartilage appelée « arthrose »

On parle de prothèse totale car elle remplace à la fois la tête du fémur et la cavité du bassin (cotyle).

Cette prothèse articulaire va reproduire l'articulation initiale avec une bille qui pivote dans une demi-sphère.

Quels sont les matériaux composants une prothèse totale de hanche ?

La partie que l’on met dans le bassin et la tige que l’on insère dans le fémur sont en métal : titane, chrome-cobalt ou acier inoxydable en fonction du modèle de la prothèse.

Les implants peuvent être fixés avec du ciment médical ou directement au contact de l’os. Dans ce cas là, ils sont revêtus d’hydroxyapatite, un composant de l’os, afin que celui-ci « repousse » sur la prothèse et permette sa fixation.

Le couple de frottement, c’est-à-dire les deux pièces qui frottent réellement l’une sur l’autre, sont en céramique le plus souvent chez les patients « jeunes ». Les prothèses de hanche à double mobilité tendent également à se développer. Ces prothèses à double mobilité ont un couple de frottement métal contre polyéthylène avec deux axes de rotation qui donnent d’excellentes mobilités et une grande stabilité.

Quel est le bilan à faire avant la mise en place de la prothèse de hanche ?

  • Vous devez tout d’abord voir le chirurgien en consultation. C’est lui qui posera l’indication de prothèse totale de hanche en fonction de vos douleurs, votre demande fonctionnelle, vos antécédents…
  • Il faudra voir ensuite le médecin anesthésiste en consultation afin que ce dernier vérifie vos antécédents, votre traitement, vous examine… Il aura besoin des résultats d’une prise de sang et de connaître vos traitements. Pensez à lui apportez vos ordonnances. Il demandera éventuellement un bilan complémentaire auprès de votre cardiologue, pneumologue ou autre spécialiste en fonction de vos antécédents.
  • Vous devrez réaliser un bilan radiographique récent à la clinique des Cèdres car la machine est calibrée précisément afin que nous puissions, en mettant des calques sur la radiographie, anticiper la taille de votre prothèse.
  • Nous ferons également un dépistage nasal du staphylocoque car 40% environ de la population est porteuse de ce staphylocoque dans le nez. Si c’était le cas, nous traiterions celui ci par une pommade antibiotique à appliquer dans le nez afin de limiter les risques d’infection au cours de la chirurgie.

Quels sont les conseils à respecter en pré-opératoire ?

  • Tabac : le tabac entraîne une diminution de l’oxygène dans le sang. Même une cigarette par jour diminue de 50% les capacités de cicatrisation du corps. Il entraine également une augmentation significative du risque d’infection en post-opératoire. L’intervention peut être l’occasion d’un sevrage tabagique.
  • Poids : un poids important est un facteur de risque d’usure articulaire tout comme de votre prothèse à venir. De plus une surcharge pondérale est une difficulté supplémentaire à la cicatrisation et/ou à la reprise (ou maintien) des activités quotidiennes. Perdez du poids si possible avant l’intervention même si le surpoids ne contre-indique pas l’intervention. Votre chirurgien pourra vous guider vers une diététicienne.
  • Préparation musculaire : en amont de l’opération, la douleur et l’usure ont dégradé les capacités fonctionnelles de votre hanche : les tendons sont rétractés, les muscles affaiblis diminuant votre stabilité. Essayez d’entretenir au maximum vos amplitudes articulaires et votre tonus musculaire. Le résultat de la prothèse n’en sera que meilleur ! Pour cela, marchez quotidiennement et pensez à vous étirer. Vous pouvez pour vous aider faire des séances de kinésithérapie en pré-opératoire.

Quelles sont les étapes chirurgicales de la mise en place d’une prothèse de hanche ?

La chirurgie est réalisée le plus souvent sous anesthésie générale mais parfois sous rachi-anesthésie en endormant que les membres inférieurs. Elle dure selon les cas entre 45 minutes et 1 heure 15.

Elle peut être réalisé par voie d’abord antérieure ou par voie d’abord conventionnelle postéro-externe.

Après avoir enlevé la tête du fémur, le chirurgien va successivement préparer la cavité cotyloïdienne, puis le fémur, de façon à pouvoir fixer les deux parties de la prothèse.

Nous sommes très vigilants sur la gestion de la douleur en post-opératoire (blocs anesthésiques complémentaires, pompe à morphine…) La durée d’hospitalisation varie en fonction des patients et de leurs antécédents médicaux entre 3 et 6 jours.

Quelles sont les suites d’une prothèse de hanche ?

La rééducation débutera d’emblée après la chirurgie. Vous serez levé le soir même de la chirurgie ou le lendemain an fonction de votre heure de passage au bloc opératoire. A la sortie de la clinique, les séances de kinésithérapie ne sont pas indispensables, surtout au début où le repos est l’élément primordial pour une bonne cicatrisation.

La marche se fera en appui complet dès le 1er jour, avec l’aide de béquilles que vous conserverez 3 semaines environ.

Il n’y a pas d’attelle à porter, pas même la nuit.

Des soins infirmiers sont nécessaires tous les jours pendant 1 mois pour la piqûre d’anticoagulants afin d’éviter la phlébite et pour les soins de pansements.

La reprise de la conduite automobile sera possible 3 semaines à 1 mois après la chirurgie.

La reprise professionnelle dépendra de la nature de votre travail. Elle sera possible vers deux mois pour les travaux sédentaires/de bureau ; vers 4 mois pour les travailleurs de force/manuels.

Le retour à domicile est la règle. Seuls les patients très âgés ou isolés socialement iront en centre de rééducation.

Le retour à la maison se fait avec votre entourage ou en ambulance.

Quel résultat peut-ton espérer et comment vit-on avec une prothèse de hanche ?

Dans la plupart des cas, la reprise normale des activités de la vie quotidienne est obtenue et permet de parler de "hanche oubliée".

Le résultat définitif est obtenu le plus souvent entre 3 et 6 mois mais l’amélioration peut se poursuivre pendant toute la première année postopératoire. En cas de hanche raide avant l’intervention, la prothèse permettra le plus souvent une récupération des amplitudes articulaires permettant tous les gestes de la vie quotidienne (lasser ses chaussures, mettre ses chaussettes…)

Pour les activités sportives, il n’y a aucun sport contre-indiqué formellement avec une prothèse de hanche. Il faudra éviter les sports avec des impacts répétés (course à pied, football…) ou violents afin d’optimiser la durée de vie des implants.

Il est tout à fait possible de continuer à pratiquer les sports que l’on maitrisait avant l’intervention, mais la pratique doit être raisonnable. Par exemple, en ce qui concerne le ski, on peut continuer à le pratiquer avec une prothèse de hanche si on savait le faire avant mais il faut éviter les pistes noires et les bosses…

La pratique de la course à pied doit également rester raisonnable. En effet, la course entraîne une succession de chocs absorbés par la prothèse qui peuvent à terme entrainer un descellement ou accélérer son usure. La randonnée, la marche en montagne et le vélo ne posent quant à eux aucun problème.

L’objectif est de trouver un compromis entre trop peu d’activité (qui génère des risques d’ostéoporose et de fragilité des ancrages prothétiques) et un dynamisme funeste (luxation précoce ou usure prématurée des implants à plus long terme).

L’âge est-il un facteur limitant ?

La plupart des patients candidats à la prothèse de hanche sont âgés de plus de 60 ans. Toutefois, il n’existe pas d’âge limite pour la mise en place d’une prothèse de hanche, que ce soit pour les patients jeunes ou très âgés.

En effet, la question se pose surtout pour les âges « extrêmes ». Chez le patient jeune (moins de 50 ans), de part les activités physiques et/ou professionnelles, le risque est que la prothèse s’use plus vite et qu’il faille la changer une ou plusieurs fois au cours de la vie. Toutefois, si les douleurs sont trop importantes et que le traitement médical ne suffit plus, alors la prothèse de hanche peut être envisagée. C’est lorsqu’ils sont jeunes et actifs que les patients ont besoin d’une hanche valide et non lorsqu’ils sont grabataires.

Les patients très âgés et poly-pathologiques méritent également réflexion en raison du risque accru des complications pendant et après la chirurgie. Toutefois, c’est bien la douleur et le retentissement sur la vie quotidienne qui fera poser l’indication au chirurgien.

Dans tous les cas, c’est après une information loyale et complète que le patient prendra sa décision, en concertation avec le chirurgien. Il ne faut pas hésiter à prendre une période de réflexion avant de faire son choix.

Quelles sont les complications potentielles d’une prothèse totale de hanche ?

Il existe cinq complications classiques après la mise en place d’une prothèse de hanche:

    • L’hématome post-opératoire. Classique, il est lié au saignement normal après la chirurgie. Toutefois, s’il entraine une anémie importante (baisse de l’hémoglobine dans le sang), il peut nécessité une transfusion après l’intervention. Des moyens de prévention sont utilisés pour éviter cette transfusion (fer ou EPO en pré-opératoire ; fer en intra-veineux en post-opératoire…).
    • Les phlébites et/ou embolies pulmonaires, représentées par un ou plusieurs caillots (formés dans une veine de la jambe ou de la cuisse (phlébite), pouvant migrer vers le cœur, puis vers le poumon (embolie pulmonaire). Le lever précoce, les bas de contention à porter pendant un mois, et le traitement anticoagulant d’un mois également visent à prévenir cette complication.
    • L'infection reste la complication la plus redoutée et toutes les précautions sont prises avant, pendant et après l'intervention. Elle reste cependant relativement rare, moins de 1% des cas. Avant l'intervention, il faut vérifier l'absence de "réservoir de microbes" tels qu'un abcès dentaire, une infection des urines ou de la peau, ou tout autre état infectieux local ou à distance de la région de la hanche. Une préparation cutanée vous sera recommandée en complément de la préparation pré-opératoire proprement dite ainsi qu’un dépistage nasal du staphylocoque doré. Pendant la chirurgie, des précautions maximales d’asepsie sont prises. Des antibiotiques sont systématiquement prescrits au moment de l'intervention. Les chirurgiens opèrent sous scaphandres dans un environnement stérile. Après la chirurgie, les soins de pansements par l’infirmière et des consultations régulières auprès du chirurgien permettront de prévenir et de détecter l’éventuelle survenue d’une infection. De plus, vous devrez surveiller et traiter tout au long de votre vie une éventuelle infection quelle qu’elle soit (peau, poumons, urines, dents, etc...) pour éviter à un microbe de passer dans le sang et venir coloniser votre prothèse articulaire.

Opération sous scaphandre d'une prothèse totale de hanche

Des facteurs liés au patient augmentent grandement les risques d’infection : l’obésité, le diabète, le tabagisme, les traitements par corticoïdes, la dénutrition, la colonisation des narines par le Staphylococcus aureus.

  • Les luxations de prothèse: lorsque la tête de la tige fémorale se "déboîte" de la cavité du cotyle, on parle de luxation de prothèse. Ces luxations nécessitent alors de remettre la tête de la prothèse fémorale dans sa cavité, le plus souvent sous une brève anesthésie générale, par manipulations externes sans devoir réopérer. Les prothèses double mobilité et la voie d’abord antérieure empêchent grandement les risques de luxation même si le risque zéro n’existe pas. Il faut donc éviter les positions « extrêmes » durant les premières 6 semaines après la chirurgie. Schématiquement, il faut éviter les rotations en croisant les jambes, s’asseyant sur un siège trop bas, en entrant ou sortant du lit ou en montant en voiture. Après cette première période, en principe les risques de luxation seront pratiquement absents, autorisant une vie normale.
  • L’inégalité de longueur des membres inférieurs. Pendant l’opération, votre chirurgien choisira la taille et le type de prothèse adaptés à votre morphologie. Il dispose de nombreuses tailles d’implant pour se rapprocher au mieux d’une prothèse « sur-mesure». Cependant, le « sur-mesure » n’existe pas en matière de hanche ; et le positionnement des implants est un compromis entre la longueur, la largeur et l’encombrement de la prothèse au sein de votre hanche. Ainsi, ce compromis peut parfois aboutir à un allongement ou un raccourcissement de 1cm. Celui-ci n’est pas grave en soit, mais peut s’additionner à une inégalité de longueur des membres inferieures préalable à l’intervention (liée par exemple à une scoliose) et nécessiter le port d’une talonnette pour rééquilibrer votre bassin et vous sentir plus à l’aise. L’être humain n’est jamais complètement symétrique entre son côté droit et gauche : comme les couturières le savent bien, les ourlets de pantalons ne sont jamais symétriques entre le côté droit et gauche, la prothèse de hanche peut modifier cette différence de longueur.

Les complications neuro-vasculaires restent exceptionnelles.

Quelle est la durée de vie d’une prothèse de hanche ?

La durée de vie des implants peut enfin varier selon l’âge et les activités du patient. Plus on se sert de la prothèse, plus la durée de vie va diminuer.

Toutefois, l’évolution des implants et des techniques opératoires a permis ces dernières années d’obtenir des durées de vie très satisfaisantes.

On dit classiquement que les prothèses de hanches durent 15 à 20 ans mais ceci n’est qu’une moyenne.

Aucun matériel n’est inusable. Afin d’améliorer la durée de vie des implants, il faut voir son chirurgien régulièrement (tous les deux ans environ) avec des radiographies, et ce durant toute votre vie, même si vous n’avez aucune douleur. C’est le « contrôle technique » de la prothèse. En effet, le chirurgien pourra détecter une usure débutante même si vous allez parfaitement bien et vous proposer alors un changement d’une seule pièce de la prothèse, ce qui sera beaucoup moins lourd que de changer toute la prothèse.

 

 

 

A retenir :

  • La prothèse totale de hanche est une intervention chirurgicale très fréquente en orthopédie.
  • Ses résultats sont généralement excellents mais il existe un petit pourcentage de complications sérieuses.
  • Celles ci sont minimisées par un bilan préopératoire rigoureux et un suivi régulier de la prothèse tout au long de votre vie.